8 juillet 2021 Non Par Inf'au Zenith
Spread the love

Acte de prévarication à l’Anatt

Le cadre béninois, hier comme aujourd’hui.

Les révélations sont scandaleuses et très outrageantes pour la morale. Une mauvaise gestion qui crame plus de 13 milliards de francs CFA en à peine 04 ans de gestion. Dans les détails, les faits définissent et confirment le portrait du Beninois tel qu’il se présente depuis toujours : fortement amoureux du lucre et du superflu, et très engagé dans un abus volontaire et effréné du bien public. Environ 35 millions par an, rien que pour des dotations en boissons pour l’ensemble des responsables à divers postes assimilables à des directions techniques. S’il ne s’en est pas trouvé un seul dans le rang de ces bénéficiaires alignés au titre de directeur technique, c’est l’évidence d’une conception partagée du profit et du goût du lucre. Dans une boutade, qui traduisait si parfaitement la réalité, un auditeur aujourd’hui à la retraite, carricaturait : « quand on nomme quelqu’un aujourd’hui, la première chose qu’il veut savoir c’est de combien dispose la caisse de la structure qu’il est appelée à diriger, de combien de marchés il est encore possible de passer, des primes et autres intérêts matériels affectés à ce poste. Généralement, le cadre béninois refuse d’aller dans une structure où il y a peu de mouvements financiers ». Il parlait en 2001 et ses propos sonnent aujourd’hui comme le diagnostic sans appel d’un chirurgien rigoureux.

D’ailleurs, la mentalité est si partagée au sein de la population et surtout de la jeunesse que les concours de douane drainaient plus de monde que tout autre. A l’Anatt, cela s’est confirmé avec des primes, des hausses déguisées de salaires, des avantages sans intérêt ni justification. Mais le plus inquiétant est ailleurs. C’est dans l’attitude des cadres, sinon des Béninois tout court, vis-à-vis du bien public.

En effet, on ne note aucun sentiment d’amour pour la patrie, aucune envie de construire, de préserver le bien public pour l’usage de tous. Au travail, c’est le service minimum. Pour les avantages, l’abus est sans réserve, parfois grossier. Un tel qui fait tourner à fonds brasseur et climatiseur sans arrêt dans son bureau qu’il occupe que très peu de temps avec un frigo bourré de bière et continuellement branché, un tel autre qui s’arroge deux ou trois voitures de fonction au détriment des centres et directions qui sont pourtant dans un besoin chronique, un véhicule de fonction maintenu en état de marche, climatiseur à fonds sur les longues heures que durent l’entretien du chef avec un visiteur (un proche parent)… Mathieu Kerekou avait fini de peindre le tableau : certains cadres béninois travaillent comme des colons ou des étrangers dans leur propre pays.

La question du patriotisme et de l’engagement de soi pour le bien de la nation est une valeur qui n’existe plus, sinon que chez de rares personnes, elles-mêmes inquiètes à leur propre sujet pour leur différence d’avec ce qui est devenu la norme. Si vous venez à l’heure et travaillez normalement, il y en a toujours un, aîné dans la profession ou dans la carrière, pour vous souffler gentiment : « garde-toi de te tuer au travail ! Le travail de l’État n’exige pas autant de sacrifice, jeune. Parole du doyen ! Tu as déjà un boulot, cherche plutôt l’argent ou dors ». Chacun a dû l’entendre, ce conseil de l’aîné, que ce soit dans le public ou dans le privé.

Les cadres et autres responsables ont tôt fait aussi de donner raison au doyen par leur manque d’amour, de travail soigné…Et le jeune qui entre dans l’activité avec d’autres idées se laisse corrompre par ces nouveaux comportements s’il veut gravir les échelons, parce que devant lui on a tout le temps promu le médiocre. C’est une chaîne, un piège où le service public n’est plus un service mais une opportunité dont il faut à tout prix profiter, avec gloutonnerie. Un cercle vicieux que même une nouvelle politique d’éducation et de civisme aura du mal à briser.

Inf’au Zénith.