André Naoussi au sujet des trois jours de formation des journalistes et communicants sur la pêche en Afrique : « Une nouvelle approche des médias à venir pour la prospérité de l’aquaculture et de la pêche ».

André Naoussi au sujet des trois jours de formation des journalistes et communicants sur la pêche en Afrique : « Une nouvelle approche des médias à venir pour la prospérité de l’aquaculture et de la pêche ».

10 mai 2022 Non Par Inf'au Zenith
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C’est une expérience plutôt inédite, engagée par la COMHAFAT et l’OMPDA. Les deux structures, au nom du partenariat qui les lie désormais, ont initié trois jours de formation et d’échanges avec les acteurs des médias et de la communication pour améliorer le regard du public sur les activités de pêche et d’aquaculture en Afrique. Au terme du séjour, votre journal s’est rapproché du coordonnateur de l’OMPDA, structure qui réunit les journalistes et communicateurs de part le continent autour de la thématique, pour faire le point de cette rencontre d’Agadir au Maroc. André Naoussi a répondu aux questions de Thanguy AGOI.

Thanguy AGOI: Bonsoir, veuillez bien vous présenter.

André NAOUSSI : Je m’appelle André Naoussi, je suis Journaliste. Je vis et j’exerce à Yaoundé au Cameroun depuis une trentaine d’année. Dans le cadre de notre entretien, je suis le coordonateur de l’observatoire des Médias pour une Pêche Durable en Afrique (OMPDA). Un réseau qui a été créé en mars 2016, à l’issue d’un atelier d’une semaine tenu à El-MINA au Ghana, légalisée en 2017 dont le siège est à Accra au Ghana.

J’en suis le coordonateur grâce à la confiance de mes collègues et ami du réseau. Nous sommes une centaine de membre dans ce réseau.

Thanguy AGOI: depuis sa mise en place, le réseau a mené quelques activités, notamment une réunion en ligne puis maintenant à Agadir au Maroc, une réunion présentielle, et semi-présentielle parce que d’autres ont été en ligne. Cette rencontre, c’était pour aider les journalistes et communicants en matière d’actualité de pêche, d’approfondir leurs connaissances sur l’actualité de la pêche en Afrique. C’est avec soutient de la COMHAFAT. Dites nous concrètement au bout de ces trois jours d’échange, qu’est-ce qui a profité véritablement aux journalistes, membres de votre organisation ?

André NAOUSSI : Merci. Comme vous le soulignez, l’OMPDA a eu cet atelier de renforcement de capacité organisé par la conférence ministérielle sur la coopération halieutique entre les Etats africains riverains de l’Atlantique COMHAFAT, un organisme basé au Maroc et qui est partenaire de l’OMPDA depuis 2018 grâce à un accord que nous avons signé, et renouvelé en 2021 parce que les résultats étaient satisfaisants.

Cette précision importante étant faite. Je veux dire que le renforcement des capacités a pour but d’amener les acteurs à maitriser le sujet dont ils vont parler et qu’ils vont présenter aux autres en ce qui concerne les journalistes et communicateurs. Notre défi étant l’avènement d’une pêche durable en Afrique, il fallait maitriser les enjeux et les menaces de cette pêche. L’une des menaces c’est la pêche qu’on appelle INN (Illégale Non-déclarée et Non-réglementée). Comment parler de la pêche illégale non déclarée et non réglementée si nous même on n’en maitrise pas les contours, les astuces, les acteurs, les dangers, les effets, les méfaits sur les populations, sur la santé, sur nos économies, sur nos revenus etc… Donc il fallait vraiment sensibiliser les journalistes et les communicateurs.

Il faut poser une action permanente pour qu’ils maitrisent le sujet dont eux-mêmes vont parler pour sensibiliser les décideurs, les acteurs de la pêche, de la société civile, le secteur privé etc…

Donc ce renforcement de capacité a pour but d’éclairer les journalistes et communicateurs sur les enjeux de la pêche durable ; sur la promotion de l’aquaculture et de la pêche artisanale en Afrique. Sur la nécessité de multiplier ces genres de rencontres, je crois que si je m’en tiens aux propos des uns et des autres, il y a la qualité surtout des exposés qui ont été faits pendant ces trois jours.

L’enrichissement reçu lors d’une descente sur trois sites de terrain pour toucher de façon concrète, certaines réalisations parlantes. Les confrères, les amis repartent d’Agadir avec un sentiment de satisfaction, la certitude et la fierté d’avoir appris un peu plus sur les contours de cette thématique qui devient un cheval de bataille pour nous.

Thanguy AGOI : Ma curiosité, quand j’ai entendu un peu le sigle de votre structure, c’est qu’on veut faire désormais de la pêche et de l’aquaculture, un élément fondamental de développement en Afrique. Nous sommes là dans le domaine agricole et ce n’est pas le seul département. Pourquoi est-ce qu’il faut ériger la pêche, l’aquaculture en éléments autonomes au point où les journalistes devront se spécialiser en la matière ?

André NAOUSSI: Entendons nous bien : la pêche ne vient pas se substituer à d’autres activités ! D’ailleurs vous avez suivi pendant cette formation, un exposer sur ce qu’on appelle aquaponie, c’est-à-dire un élevage intégré où la pêche vit avec l’agriculture où les produits de l’agriculture servent à l’élevage, et les produits de l’élevage servent au poisson, et les poissons sont élevés dans la nature, dans les plantations.

Donc la pêche ne vient pas se substituer ou prendre une place. Ça s’impose à nous à savoir que la demande en produits halieutique est de plus en plus croissante dans le monde et en Afrique. Or l’Afrique est un réservoir important, ce qui fait qu’elle attire beaucoup de gens qui viennent pour faire une exploitation effrénée, illégale pour satisfaire les besoins des autres marchés. Cette exploitation est faite sans préserver l’espèce, la régénération des espèces, le repos biologique ainsi de suite. La condition des populations, la protection de l’environnement riverain, les technique de pêche, là où on vous dit les éléments de filets doivent avoir être grand ; pas comme des moustiquaires et vous voyez que quand ça entre dans une rivière, ça vous prend et les poissons, et les alevins et les autres. Demain, vous n’avez rien !

Les pêcheurs qui vivaient de cette attitudes, qu’est-ce qu’ils font ? Soit ils sont tentés par l’argent que la piraterie leur donne parce que des gens qui s’entrainent dans la piraterie, le grand banditisme, parfois c’est par dépit. C’est d’anciens pécheurs qui n’ont plus de ressources et qui ont pris entre temps la facilité de la pêche illégale.

Donc la pêche s’impose à nous, la protection de la pêche s’impose à nous parce que les ressources halieutiques subissent une pression et privent les populations de leurs moyens de subsistance, privent les Etats de leurs ressources, détruisent dangereusement l’environnement. Les gens viennent pécher avec les techniques et même des produits chimiques et hydroélectriques ainsi de suite et ne se soucient pas des résidus qu’ils laissent.

Donc, les enjeux sont énormes et permanents qu’il faut qu’on s’y penche sinon dans quelques décennies, nous n’auront que nos yeux pour pleurer et les regrets devant le sort de nos enfants.

Thanguy AGOI: Oui mais quand vous faites le tableau, quand vous peignez le tableau, on a l’impression que de lourds défis, de grand défis qui vont largement au dessus des petites forces des journalistes, des associations. Les Etats, eux-mêmes font déjà face au phénomène qui frappe le monde, la pêche : l’insécurité, la piraterie. Qu’est-ce qui peut aider fondamentalement à changer la tendance ?

André NAOUSSI : Ce qui peut aider à changer la tendance, c’est d’abord la prise de conscience. C’est le sentiment de responsabilité. Si les Etats ne sont pas conscients que leurs responsabilités sont énormes devant la menace la génération actuelle et futur, qu’est-ce qu’on peut faire?

Parfois, certains ne prennent pas des mesures parce qu’ils ne savent pas. Il faut le reconnaitre, il y a des textes qui existent et qui sont pour certains en faveur des Etats. Mais ils ne les ont pas maitrisés pour les incorporer dans leur législation locale. Il y a des méthodes qui sont parfois simples à appliquer pour aider les pécheurs artisanaux, les pêcheurs locaux, pour aider les pêches semi-industrielles. Mais les Etats ne les maitrisent pas. Il faut donc mettre l’information et leur disposition, à leur connaissance. Mettre ces informations aussi à la disposition de la société civile : qui pour faire pression sur les décideurs, qui sur les parlementaires, les autorités gouvernementales, les couloirs de mesures, les partenaires diplomatiques, les partenaires de développement ainsi de suite.

C’est une bataille en synergie parce que c’est un intérêt commun. Il faut situer les responsabilités parce qu’ils ont reçus une part de pouvoir pour les gérer au profit des populations.

Thanguy AGOI: Alors l’organisation a profité pour faire son assemblée générale. Est-ce qu’on peut avoir en deux ou trois phrases, les grandes idées de cette assemblée générale et comment l’organisation entrevoit le futur ?

André NAOUSSI : Merci. Nous avons profité, avec les structures techniques, pour faire l’assemblée générale en mode hybride avec des gens qui étaient présents et les autres qui nous ont rejoint en ligne en visio conférence. Cette assemblée générale permet d’entrevoir l’avenir avec beaucoup d’optimisme. Nous avons mis sur pied, deux groupes de travail. Il y a l’un qui va réfléchir et pondre des textes et des propositions immédiates pour redynamiser l’assemblée avec les engagements concrets des membres. Il y en a un autre qui va réfléchir sur un contrat qu’on avait avec notre partenaire qui est le bureau interafricain des ressources animales de l’Union Africaine (IRAdUA) qui met en œuvre le projet de gouvernance des pêches en Afrique et dont le volet communication et visibilité s’appuie beaucoup sur l’OMPDA pour ses réalisations.

Donc nous devons leur faire des propositions concrètes sur les activités qui sont déjà déclinées et qui attendent l’apport des professionnels des médias et de la communication. Nous, on s’est fixé des échéances assez brèves avec des résultats concrets qui sont attendus. Il y a eu beaucoup de membres présents, une vingtaine.

On a fixé un droit d’adhésion et beaucoup de membres ont commencé dès le jour de l’assemblée à s’acquitter d’une part ou bien de la totalité de leur droit d’adhésion. Ce qui est quand même formidable. On est quand même à vingt et on va continuer la sensibilisation pour que le sentiment d’adhésion soit concret.

Thanguy AGOI : Un mot pour finir

André NAOUSSI : Pour finir, J’appelle, tous nos confrères, tous nos amis de la communication pour la pêche durable à rendre très vivante, cette thématique de part leurs productions qu’elles soient institutionnelles, qu’elle soit médiatique, qu’elle soit de la société civile, juste que ce soit des propositions concrètes que l’on doit diffuser et partager, parce que c’est ça notre raison d’être.

Thanguy AGOI: Merci beaucoup.

Transcription : Gérard GBEBODE