Choix de filières universitaires par internet pour la suite des études : La grande épreuve des nouveaux bacheliers

Choix de filières universitaires par internet pour la suite des études : La grande épreuve des nouveaux bacheliers

9 septembre 2021 Non Par Inf'au Zenith
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La plateforme numérique du choix des filières d’études ouverte aux nouveaux bacheliers fin août au titre de la rentrée 2021-2022 s’est refermée dimanche dernier. Pendant plusieurs jours, les futurs étudiants n’ont pas manqué d’opérer des choix décisifs conditionnant leur cursus universitaire, sur ce portail numérique. Ce geste qui parait banal derrière un écran et en un temps record n’a pourtant pas été facile pour tous, en raison de l’enjeu: à la clé, l’avenir de ces jeunes gens. C’est le constat fait chez des retardataires qui n’ont pu se decider que tard dans la nuit du dernier jour.

20 heures passées d’une quinzaine de minutes à Godomey dans la commune d’Abomey-Calavi ce dimanche. On aperçoit au loin des jeunes en concertation sous un des réverbères du quartier Togoudo pas encore endormi. Il y grouille un monde témoignant du week-end. Les feux orangés du lampadaire n’empêchent pas de remarquer la lumière blafarde des écrans de leurs téléphones mobiles qu’ils tiennent tous trois. La concentration en grande, impressionnante même, quand on s’approche de ces deux jeunes garçons et de la jeune fille présente à leurs côtés.

À les voir, penser à une immersion dans une discussion plaisante sur les réseaux sociaux ou à une évasion chacun, dans des contenus distrayants n’est pas réaliste. Qu’est ce qui les intéresse autant?

Carole, Stéphane et Luc explore tous, le site aprèsmonbac.bj. C’est en cette dernière nuit où la plateforme est accessible aux nouveaux bacheliers désireux d’entrer dans les universités publiques du Bénin, qu’ils s’obstinent enfin à choisir leurs filières de prédilection. Pourquoi maintenant, et personne n’est prêt à se défendre valablement. Ils s’en remettent à un rire timide et coupable à la limite.

<< Ce n’est pas parce que je ne m’en souciais pas, mais je réfléchissais toujours >> répond finalement Stéphane. Il a décroché cette année, un baccalauréat série D avec la mention assez bien. Ce jeune homme de 18 ans rêve de devenir un professionnel de l’électricité depuis sa tendre enfance. Mais à l’heure du choix, il est plus que dubitatif. Ses craintes le démontrent assez: << Mon grand frère est en mathématiques à la Fast de l’Université d’Abomey-Calavi. Il m’a dit que c’est à l’École Polytechnique d’Abomey-Calavi (Epac) que je dois m’inscrire en génie électrique pour atteindre mon objectif. Mais il m’a encore découragé. Il dit qu’avec 12 de moyenne je ne peux pas être choisi boursier alors que mes parents n’ont pas les moyens pour m’inscrire à titre payant plus tard>>.

Comme Stéphane, les consultations, éclairages et expertises des aînés deviennent une épée de Damoclès sur la tête de plusieurs bacheliers à ce stade de leur vie. Tout le monde les conseillent, les orientent et s’arrogent même la place de la commission d’études des dossiers en prédisant les verdicts probables de certains choix. Les plus jeunes ne s’en sortent pas toujours avec en plus, la pression des parents qui ne manquent d’essayer de tout comprendre dans le processus de ce choix. C’est une des raisons de l’indécision de Carole jusqu’à la date butoire :

<< Ma meilleure amie veut faire la diplomatie. Elle a une mention bien en A2 (série) et son premier choix c’est l’Enam où la filière est bien disponible. Sous pression de sa tante, agent de l’Uac, elle a dû changer hier. La tante lui a dit que la fonction publique est la seule issue des diplomates et que c’est un gros risque. Elle n’est pas la seule dans mon entourage à avoir ce problème. Moi, tout ça fait que je ne sais plus vraiment quoi faire >>.

Carole ainsi bouleversée par l’expérience de sa copine et d’autres a pourtant mis en premier choix, l’École Nationale d’Économie Appliquée et de Management (Eneam) pour les finances et comptabilité. Elle insiste malgré l’opposition de ses parents, notamment celle de son père.

<< Pour le choix des filières, c’est depuis les premiers jours, le 22 août je crois, que j’allais sur le site. On ne me colle pas la paix à la maison. C’est pour ça que ce soir, je me suis entendue avec mes deux amis pour finir ça, une fois pour de bon. Je sais que tout le monde ne sera pas d’accord, mais c’est mon avenir >> affirme-t-elle toute furieuse à un moment.

Le troisième de la bande n’a pas subi l’influence des proches comme ses camarades. Luc a du mal à dire la filière dont-il veut. Sans hésitation, il déclare ne pas avoir de carrière envisagée, et en rit étonnamment. Les deux semaines dédiées au choix de filières, il les a passées avec Stéphane qui à son tour, se chargeait de l’éclairer sur les domaines d’études et leurs débouchés :

<< J’étais avec mon grand frère quand on devrait choisir les filières au cours de l’année scolaire en Terminale B. Sans que je ne comprenne grand-chose, je lui ai demandé d’opérer des choix à ma place. Aujourd’hui il est rentré au village et moi je suis confus. Mais si Stéphane finit, il va m’aider. Il sait que j’aime tout sauf les maths et il ne va pas me choisir les domaines où c’est trop présent >>.

La plateforme de choix des filières d’études est une innovation introduite l’an dernier ( 2020-2021) par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Elle a permis de classer les nouveaux bacheliers dans les établissements publics selon les différents mérites ( boursiers, aidés) avant l’ouverture des inscriptions payantes. Le portail numérique simplifie les tracasseries administratives connues par le passé, mais ne peut résoudre les peines des nouveaux bacheliers indécis, soumis à la pression des proches et à celle de leur avenir en jeu au bout d’un clic.

Inf’au Zénith.