Activités professionnelles et temps de pluies : Firmine, la passion du travail à l’épreuve des inondations à Athieme

Activités professionnelles et temps de pluies : Firmine, la passion du travail à l’épreuve des inondations à Athieme

14 septembre 2021 Non Par Inf'au Zenith
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Septembre. Mois très redouté dans le département du Mono, territoire ayant pris son nom au fleuve qui le traverse de part en part et qui lui en impose cycliquement. Septembre donc ! C’est le mois des inondations où le fleuve écarte ses bras et son corps au-delà des limites qu’il s’est pourtant tracé lui-même. Les populations n’ont d’autres choix que de partager leur quotidien avec la visiteuse inévitable. Mais ceux qui en souffrent doublement, ce sont les travailleurs et fonctionnaires affectés dans les localités comme Athieme ou Dogbo, très souvent plus touchées que les autres. Firmine est animatrice communautaire, en service depuis 05 ans dans la commune d’Athiémé, déjà éprouvée actuellement par les eaux :

« C’est pour ma première fois je me retrouve dans cette situation où l’eau rentre dans la chambre donc je serai entrain de voir comment me gérer face à la situation. Je te dis pas. Je ne peux même pas allumer la lumière pire utiliser les prises. Le mur est humide ».

Pour cette amoureuse de la vie communautaire et rurale, c’est le chemin de croix qui commence, et qui va durer des mois. Entre sa journée à sensibiliser et éduquer les populations des localités périphériques et sa vie de femme mariée, la conciliation est difficile. Il faut trouver quelque part où loger : soit squatter quelques chambres de voisins ou les infrastructures publiques. Seulement que l’environnement et la position géographique de la commune ne facilite pas les choses, elle qui doit être en contact permanent avec le reste du monde. Elle ne peut loger n’importe où :

« Le problème est la connexion. Il n’y a pas de connexion dans toute la commune. En dehors d’Athiémé centre là où je suis, il n’y a pas la couverture de réseau. C’est difficile d’appeler ou d’envoyer des mails, de se connecter. Les réseaux du Togo dérangent beaucoup nos réseaux nationaux. On est systématiquement balancer en roaming, ce qui est très coûteux. Quand par exemple je dois quitter le centre d’Athiémé, il me faut carrément éteindre le téléphone pour ne pas voir partir en fumée, mes pauvres forfaits. Or, moi je ne suis pas dans un boulot de citadins. Mon job, c’est avec les communautés rurales surtout ».

Justement, cette exigence de son boulot lui impose d’ailleurs les choix à faire en matière de lieu de résidence. Il faut être plus proche de la population cible, et Athieme n’offre pas toujours les commodités requises.

« Je peux bien aller loger à Lokossa pour fuir les inondations et cette croix de chaque année mais la vie à Lokossa est plus chère, les locations très élevées. Et puis, comme je vous l’ai dit, je préfère être plus proche des populations. A Athieme, tous les quartiers sont presque inondables. En plus,les chambres à louer n’existent pas autant. Trouver un logement dans les parties où l’eau n’arrive pas, relève d’un miracle carrément. Je vous dis par exemple qu’il n’y a pas beaucoup de chambre en matériaux définitif. Comment faire ? C’est vrai. L’eau est chez moi actuellement. Je vais voir si je peux dormir avec ma famille dans la chambre de la propriétaire. Elle a encore une partie de sa chambre au chaud. On pourrait y dormir en suppliant dame nature de ne pas nous faire pleurer en versant encore de ses larmes sur terre. C’est déjà difficile actuellement ».

En dépit de sa situation si pénible, Firmine affiche dans ses yeux noirs, cette lueur pétillante des âmes qui se laissent rarement abattre par les difficultés. D’ailleurs, elle ne présente pas les inondations comme une entrave à son métier au service des autres. Ses bagages sous l’eau et sa famille exposée toujours à la crainte de ce liquide encombrant, elle ira demain à son boulot, de hameau en hameau, bravant sur le chemin aller comme retour, cette eau omniprésente, parfois même sans atteindre ses objectifs du jour à cause peut être d’une communauté qui a détalé sans crier gare pour fuir elle aussi, ces fleuve d’un fleuve de plus en plus intraitable.

Inf’au Zénith